C’est Beak> de s’arrêter en si bon chemin ! du créatif au Festival Les IndisciplinéEs de Lorient : Retour sur la soirée du 11 Novembre.
Parfoczine.com10 novembre 2024
Je ne suis pas à un jeu de mot prêt ! Alors, je propose que le nom du groupe Beak>, prononcé BIC se prête à l’exercice du jeu pour cette chronique.
En rentrant dans la salle l’Hydrophone en ce milieu d’après midi, la première chose que j’observe est l’absence de monde. Je suis quasi seul ! C’est certainement parce qu’il est tôt, me direz vous. En effet, je ne vois que cela comme explication : l’heure 16h et le public attendu, majoritairement des quadra quinquas qui généralement se contentent d’une seule part d’artiste pour le dessert. Les petits gars comme moi, ceux qui ont toujours peur de rater le train, eux arrivent à l’heure et patienteront donc au Merche pour découvrir, entre deux tee-shirt, les briquets Beak> prononcé BIC!
Comme pour le rasoir du même nom, ils ont la qualité du double usage : briquet et décapsuleur. Oh la bonne idée que voilà ! car en effet, le quinqua qui a généralement arrêté de fumer quand il était quadra, reprend la clope parfois à l’âge d’être quinqua sous influence de sa 6ème bière qu’il vient de décapsuler! Vous suivez?
Sur la table du Merche, les 4 albums du groupe de Bristol sont disposés dans l’ordre croissant Beak>, puis Beak>>, puis Beak>>>et enfin Beak>>>>que l’on peut traduire par Beak4 : Private joke ! (2009-2012-2018-2024) ) .
Alors qu’est ce qui me dissuade d’en acheter un ? Est ce parce que je suis quelqu’un d’entier et que le change € / £ convertit le vinyle de 25 £ à 30€38 ?
Ou est ce simplement que je suis économe (pour ne pas dire radin) et pas (encore) fan inconditionnel de la bête étrange qui nous vient de Bristol? (drôle de Beak>).
Un peu des deux, je le conçois, même si l’écoute de la dernière œuvre des anglais m’a paru plus accessible.
Ma curiosité ce soir est d’autant plus avisée, depuis l’annonce du départ de Geoff Barrow, car je sais qu’on assiste là au tout derniers concerts du groupe dans sa forme originelle.
Une bête à 3 pattes formée en 2008 par Geoff Barrow, Billy Fuller et Matt Williams (lui même remplacé par Will Young).
3 Pattes, mais sans canard ! Au contraire, un chien est sortit de l’ombre hier soir, grimé en 4ème homme pour jouer du Korg et de la voix. Est ce le même toutou qui apparait sur la pochette du vinyle pour nous terrasser de ses yeux laser-feux ? Non, celui ci, était bien plus docile.
Je vous perds et me voilà déjà embarqué dans l’acte final du jour, le concert de Beak>.
On se calme !
Revenons d’abord à l’heure américaine et à la prestation express de Anastasia Coope.
21 ans – 20 minutes, mais déjà on distingue chez elle, l’originalité qui fait se pavaner la presse spécialisée et lever les oreilles curieuses. Une voix modeste, un chant incantatoire, posé sur des notes mystérieuses sorties d’outre tombe parfois épaulé par une guitare et un bébé ampli. La “Darning Woman” (non de son premier album) ne nous fera pas de reprises et contentera là son public, un peu désarçonné par cette voix, qui personnellement, me rappelle celle de Lael Neale .
Quitte à tomber de cheval, c’est avec le cavalier seul de Craze et son biniou que le public de l’Hydrophone va se faire bousculer. Une invitation à l’étonnement, à l’ensorcellement puis à la transe par le sonneur Tangui Le Cras. Le son du biniou est bouclé par des loops électroniques et le déplacement du sonneur à travers la salle, pied nu et robe de bure rend l’exercice mystique. Le format est court mais tout de même effrayant pour cette spectatrice réfugiée dans des bras amoureux. Point commun avec le chien (Beak> à poils), pour qui les oreilles saignent passé les 25 000 hertz.
Et si c’était cela, le sens de cette après midi : bousculer nos sens et notre conservatisme musical ?
Le créatif Geoff Barrow lui, ne s’est pas privé d’expérimenter le son.
D’abord avec Portishead ( ou il invente les bases de trip-hop dans les années 90) puis avec Beak >, son projet rock expérimental né d’un concert improvisé organisé pour la fête de Noël de son label. Des enregistrements bruts quasi improvisés puis des concerts et le succès qui va avec.
Billy Fuller lui est maître en basserie ? Comment je sais cela? Parce qu’il joue assis le Billy ! ( Comme mon prof de basse) et surtout parce qu’il a joué pour Robert Plant, Massive Attack ou Baxter Dury. Le 3ème homme affublée d’une casquette, d’où s’échappe une hirsute chevelure, ressemble à un savant fou. Will Young domine son Synthé près duquel il cache une guitare.
17h45 La salle est plongée dans un quasi recueillement au moment ou s’installe les 3 musiciens sous la protection d’une petite figurine de la vierge Marie posée délicatement sur un ampli Marshall.
Les premières nappes de synthétiseur de Will Young , précédent les chants liturgique de Billy, et de Geoff avant que ces deux là ne déploient ce mélange rythmique batterie-basse à la cadence implacable. La messe est déjà dite, l’audience déjà saisie, dès les premières secondes. nous sommes KO debout.
C’est hypnotique car mécanique. Les trois premiers titres de Beak>>>> sont joués dans l’ordre et me ravissent, en particulier le morceau The Seal et ses sirènes hurlantes. L’expérience est sonore, mais aussi lumineuse quand les lettres en capitales Néon B E A K > brillent en arrière scène. Le sol de celle ci est jonché de multitudes de câbles, pédales et autres objets d’apprentis sonciers. Le groupe transporte son public dans une autre dimension, une vibration entre brutalité (parfois) et raffinement (souvent) . Le voyage sera régulièrement parsemé de pause amicale, de bavardages entre musiciens, de rires sympathiques et de joie collective. A ce stade, il n’est pas difficile de comprendre que si le trio joue la ces derniers concerts ce n’est pas par manque de cohésion, mais pour cette fichue cheville récalcitrante qui empêche Geoff désormais de marteler sans douleurs. Le spectacle sera largement assuré ce soir entre morceaux anciens et retour sur les derniers titres et le chien Bernard venu de temps en temps affichera( j’imagine), comme nous, un sourire cabot,. C’est pas ce soir qu’il usera de ses eux vilains lasers .
19h10 C’est Beak> d’en rester là, mais on a pas vu passer le temps. Fin du concert .
15 ans déjà et puis s’en vont! Fin du groupe BeaK> du moins sous cette forme.
Il nous reste l’expérience de ce soir et ce briquet en poche qui rassurez vous ne me servira pas à allumer une prochaine cigarette: moi aussi j’ai arrêté après 15 ans !
Pour retrouver l’intégralité des photos du concert de Beak> https://flic.kr/s/aHBqjBRvoF
Anastasia Coope >>https://flic.kr/s/aHBqjBRzaL
Craze >>https://flic.kr/s/aHBqjBRtWL