Un Discipliné au Festival Les IndisciplinéEs de Lorient : Retour sur la soirée du 07 Novembre.
Puisqu’il en fallait un, ce sera moi, le discipliné de cette soirée.
La personne qui, malgré une heure trente de déplacement ( aller), et parce qu’elle travaille le lendemain matin, quittera prématurément la soirée de ce Jeudi et n’assistera donc pas au concert de Feldup.
Minuit 15, à l’heure ou il est programmé, c’est un peu tard pour tenter de comprendre qui se cache derrière Félix Dupuis dit Feldup, le phénomène youtube. Je devrais donc me contenter d’une toute fin d’interview, entendue au club à mon arrivée et ne résoudrai donc pas le mystère d’un tel succès (Findings?). Feldup le musicien prolifique est en tous cas le nom qui a attiré le très jeune public ce soir à la salle hydrophone qui affiche complet.
Juste le temps de se positionner au 1er rang et me voilà capté, d’abord par le tee-shirt de Joshua Hart, leader du groupe anglais Cucamaras, puis par cette musique, certes déjà entendue, mais de bonne facture. « When they kick at your front door How you gonna come » sont les premières paroles du titre The Guns of Brixton des Clash sortie en 1979 sur l’album London Calling. La prestation de ce soir du jeune groupe ne se conclura pas avec une basse éclatée au sol et je ne ferai donc pas ce soir une photo iconique à la Pennie Smith. La dite photo ne terminera donc pas telle une image iconique sur la couverture du futur LP des Cucamaras et dans 20 ans sur le Tee shirt d’un adolescent boutonneux. Dommage, mais ce n’était pas l’objectif de la soirée et l’enthousiasme des 4 anglais de Nottingham suffit à me contenter et à faire danser ce public qui s’est déjà positionné au 1er rang pour l’ami Felix. En préparant ce concert j’avais lu que les Cucamaras s’inspiraient de groupes tels les Fontaines D.C ou Parquet Courts , moi je vois des ressemblances dans la voix et la gestuelle avec le jeune groupe The Silver lines entendu l’année dernière aux Transmusicales.
Une petite pause inter scène et c’est déjà le tour des membres du groupe de rock psychédélique de Brooklyn, NY, GIFT, d’installer leur matériel. Changement de look , le cheveux a poussé et le dark est de rigueur. Chouette, je fais partie de la génération marquée aussi par l’identité visuelle d’un groupe et en cette période de résurrection du grand Robert et de sa bande, ce premier contact avec GIFT se fait sous les meilleurs auspices ( avant Félix le chat , le retour des Corbeaux). Oui mais voilà l’habit ne fait pas tout à fait le moine et le set proposé par les américains ne me convint pas vraiment. Je ressens un grand décalage entre l’euphorie, exprimée, par ce public de plus en plus jeune et mon ressenti. C’est gentil cette pop joyeuse shoegazée, mais pas vraiment révolutionnaire. Je commence à me demander, si le problème ne vient pas de moi, à vouloir tout analyser, on risque de passer à côté de l’essence même d’un concert, l’insouciance avec un petit goût de première fois et de bien être instantané. Et puis ce soir, je suis là en temps que photographe, alors je mitraille et ne chercherai pas à comprendre pourquoi la voix de Jessica Gurewitz semble si retenue et pourquoi l’ensemble de ce set me rappelle une scène du film la Boum 2 ou Vic et Philippe assiste à un concert. C’est comme pour la duologie de la Boum de Claude Pinauteau, on les a déjà vu. Raba joies, caches ta joie! En effet, c’est ce que je vais faire avec le groupe suivant Corridor.
C’est d’ailleurs eux qui apparaissent en tête de l’affiche du jour. Ils ne sont pas dupes et ont reconnu en Feldup , l’étoile attirante de ce soir. Pas revanchard et énergique dès le début de leur prestation, les canadiens ont amené avec eux un chat Mimi, électrifié à souhait et suffisamment entrainant pour faire de l’ombre à Félix ( l’autre félin de la soirée). Le groupe de Montréal s’articule autour du chanteur et bassiste Dominic Berthiaume et du second chanteur et guitariste Jonathan Robert. Riche d’une discographie de quatre albums, c’est avec Junior publié en 2019 sur le label Sub Pop, que le groupe se fait vraiment connaître, devenant par la même occasion la première signature francophone de la célèbre structure de Seattle (Nervermind Nirvana) . Le 4 ème opus « Mimi » confirme le talent du groupe et le passage d’un son de guitares, ponctuellement très nerveuses, vers des empreintes électroniques subtilement distillées. La polyphonie québecoise entre guitaristes rend ce set encore plus intéressant et captive petits et grands. Des ptits gars de Montréal, c’est pour cela qu’on comprend les paroles ! Merci Bien! Fin de set puis un petit passage au merch . « ah un ptit gars de Montreal » , c’est pour cela qu’on arrive à aligner trois phrases et à féliciter Mimi ou plus exactement Dominic de cet excellent concert proposé par les programmateurs avisés des Indisciplinés.
Le discipliné regagne donc son sweet-home sans passer pas la case « vidéaste, musicien et chanteur« , dommage pour ma culture. Je laisse derrière moi ce jeune public enthousiaste, gai et créatif à l’image de cette jeune fille qui a main levée griffonne brillamment les musiciens de Corridor . Attentions les anciens, talents en devenir.