Kool Thing Week End Musical à l’Antipode Rennes (35) les Vendredi 15 et Samedi 16 Novembre 2024.
On ne va pas se la raconter, ce week-end Kool Thing promettait d’être particulièrement COOL.
On nous annonçait huit groupes internationaux sur la Grande Scène, deux DJ set dans le Club et une expérience exclusive à vivre dans les murs de l’Antipode.
C’est donc en famille, que je franchis les portes de la salle ce Vendredi soir. Non pas que les 8 groupes proposés me sont familiers, mais parce que la simple présence des anglais de Tapir! a suffit à ce que je propose à 60 % de ma tribu, d’être présent ce soir. C’est donc avec l’Angleterre et les membres de Tapir! qu’on entame ce voyage musical. « Oh la belle écoute, Oh la belle entame ». Un conte pour petits et grands enfants. La voix singulière d’Ike Gray accroche le ciel pour un début de soirée sans nuages à l’horizon. Merci Bernard ! ( je m’étais promis de la faire).
« And before this day, I spoke in reverse. Now I know my name and it no longer hurts » chante Ike sur le titre Swallow. Si jusqu’ici vous ne connaissiez pas le nom de Tapir! maintenant vous devriez le célébrer. C’est magnifique et brillant, comme sa guitare.
Le groupe, formé à Londres en 2019, mélange la musique folk avec des genres tels que le post-punk et l’art pop. Leur premier album, The Pilgrim, Their God and the King of My Decrepit Mountain, est sorti en tout début d’année et nous narre l’étrange odyssée d’un pèlerin (The Pilgrim) entre lacs et forêts. Monde imaginaire, groupe créatif, nos oreilles sont aux aguets de la riche instrumentation qui accompagne la voix aérienne d’Ike gray. Celui ci chante divinement bien et sa voix emprunte la sensibilité de celle de ces glorieux ainés, Léonard Cohen ou David Baker de Mercury Rev. Un rève éveillé pour l’auditeur que je suis, découvrant là un groupe généreux, qui mérite vraiment d’être entendu.
Pas le temps d’atterrir et nous voilà en compagnie des joyeuses et souriantes Mélenas from Spain! Le quatuor nous propose de pétillantes mélodies issues (entre autre) de leur dernier album Mushroom Pilot aux boucles synthétiques et rythmiques entrainantes. Un mix espagnol entre Electrelane et Steréolab ensoleillé et bienvenu.
Groupe suivant, l’ Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, ou comment rentrer à 12 dans le ventre unique d’un cheval ? Vous ne comprenez pas cette intro? Pas d’inquiétude, moi non plus, je n’ai rien vu venir quand le 3ème groupe de cette soirée a déroulé sa « ménagerie » musicale vers 22h30. J’aurai du m’en douter que la représentation allait sortir des canons habituels en voyant arriver, d’abord, les instruments (double batterie sur chariot) puis les 12 musiciens, et un et deux et ….. Je ne compte plus, car je n’ai pas assez de doigts, mais maintenant, je comprends pourquoi on qualifie parfois ce genre musical de « Rock libre et taquin ». From Suisse, le collectif mêlant free jazz, post punk, brass band et orchestrations symphoniques enchante le public à coups d’envolées de cordes, de souffles de cuivre, de percussions world, de guitares nerveuses et de chants inspirés. Mais c’est qui-qui le capitaine du bateau?
Allez Fabrice, ne te pose pas trop de question , apprécie et prends du recul (si tu veux une photo de groupe!) , ne t’inquiète pas ça se passera bien ! Je confirme.
Pour terminer cette première soirée, l’équipe de l’Antipode avec son week-end « spécial Live », nous a présenté un band bien énervé. Ce n’est pas pour rien qu’il s’appelle Enolagay . Une détonation punk à la limite du hardcore, explosive comme une bombe A-sonique from Belfast. Des textes scandés par Fionn Relly (Voix), sur des riffs assassins de Joe Mc Veigh (Guitare), pimentés par la lourde basse de l’inquiétant Adam Cooper. Manquerait plus qu’ Andy Mullan à la Batterie, martèle et frappe le fût comme un tendu pour que de suite on souhaite une Armistice ( pour nos oreilles). Brutal, frontal, pas encore génial mais sacrément agités du bocal , Enola Gay a déjà créé l’effervescence en cette première soirée.
Retour le Samedi 16, avec 20 % de la famille (moi seul!) et une jauge public empty à 580 places.
On démarre par un groupe inconnu PleasureInc. qui, il se peut, le reste encore quelque temps. En tous les cas, le public lui s’y retrouve et remue son popotin sur des airs funky-touchy , sous le regard bien veillant de Joe, une poupée géante mini Actionman.
Mise en bouche joyeuso-bordelico avant l’arrivée des américains de Dummy.
Petite formule : 2 Dummy = 1 et c’est avec l’envie de bousculer l’ordre de la line-up, sensée positionner les groupes du moins au plus connu, que les 5 de Los Angeles débarquent sur scène . Les faire jouer avant Totorro et leur musique qualifiée de math-rock, est un gage de suites arithmétiques réussies mais pas forcément de reconnaissance ( Quoi que! vous le comprendrez un peu plus tard).
1 voix + 1 voix = 1 groupe solide, porté par Alex Ewell, Emma Maatman aux influences nombreuses. On pense aux rythmiques motoriques et aux synthétiseurs dronesques de Stereolab (encore!), ou au shoegaze bruitiste de My Bloody Valentine. Formule gagnante pour mon plus grand plaisir.
Correction de l’exercice des nombres croissants ! Le groupe, le plus attendu de cette 2nde soirée Totorro, n’était pas pour moi le plus entendu. Probablement parce que je ne suis pas Rennais, je suis passé à côté du phénomène Math Rock local, les 4 musiciens bretons au nom inspiré du film d’animation japonais de Hayao Miyazaki. Roulant depuis les côtes d’Armor, je reste cependant un voisin et me place au premier rang pour observer l’enthousiasme des quatre : Bertrand (Batterie),Jonathan (Guitare), Christophe (Guitare) et Xavier (Basse) encouragés par un publique aux anges. Il faut dire que le groupe était attendu. Après avoir sorti un 1er album en 2014 « Home alone » puis le second en 2016 « Come to Mexico » il s’en était suivi une tournée européenne, puis mondiale ( Canada et japon). Le groupe s’était alors fait plus discret pendant 6 ans (Tout de même!). Le retour de Totorro fêté par cette première date à l’Antipode est donc un beau cadeau offert par les programmateurs de la salle, aux fidèles de la première heure. Curieuse impression, sur la durée d’un set que de n’avoir pour vocable, que les remerciements de musiciens aguerris, à qui il ne manque finalement que la parole.
Pour finir la programmation du mini festival « Kool Thing », c’est sous un feu de lumière rouge que retentissent les premières exclamations hurlantes de James Cox, le leader de Crows. Fin de soirée oblige, je ne croasse pas immédiatement en découvrant ces corbeaux anglais. Mais, passé l’adaptation visuelle qui vous oblige à mettre un filtre vert pour obtenir un brun dégeu, il se dégage des traits du visage de James et de la coupe de cheveux So british de Steve Goddard une énergie plus que respectable. La lourde basse de Jith Amarasinghe assène la mesure sur le morceau Room 156 à l’accent des américains d’Interpol. Tel un fugitif poursuivi par la dite organisation, James court déjà dans le public puis remonte sur la scène ( qui n’est pas de crime !) pour maltraiter ses pieds de micro et fredonner des airs puissants aux accents Idlesiens . Les artistes du week end ayant eu la belle idée de ne pas limiter la durée des photos autorisées, je passerai donc la fin du concert à suivre l’oeil rivé dans le viseur de mon appareil photo, le rythme effréné d’une set list musclée. L’enchainement des morceaux à toute allure, laisse sans répit le spectateur qui de fait peut ressentir une difficulté à lever la tête pour vivre l’instant présent. On ressort de là un peu hagard (du Nord) avec l’impression d’avoir vu passer le train, sans vraiment avoir eu le temps de monter dedans.
En parlant de train, il est temps pour moi de quitter Rennes, en « Voisin Toutheureux » d’avoir entendu cette sélection variée , riche en goût , fine en bouche et effectivement très COOL.
Merci Mr et Mme Antipode.