La Route du Rock Live report Jeudi 18 Août 2022 : « Du Billard à 3 Band »
On a tous imaginé un jour réaliser sur un billard, le coup parfait , toucher 3 bandes et mettre dans le mille.
Hier pour cette première journée de la Route du Rock, les organisateurs ont réalisé la programmation parfaite. L’enchaînement des musiciens de la scène du fort à celle des remparts s’est déroulé sans anicroches et les groupes ont été largement à la hauteur des prestations attendues. Le bonheur pouvait se lire sur les visages enjoués du public,venu très nombreux et les qualificatifs employés, en fin de soirée, témoignaient de l’état de forme des « Band » : «Genial, Généreux, Souriants ».
Alors déroulons cette journée et puisqu’il est de bon ton de faire un classement, donnons modestement les bons points.
1er temps fort de la journée, la météo. Sans jouer au fataliste de service, ce n’est pas toujours gagné d’échapper à la pluie en terre bretonne, passé le 15 Août. Nos amis organisateurs de la Route du Rock en sont témoins, certaines éditions ont maintenu à flot la vente du ciré et des bottes, sans volonté de lancer une mode locale, mais simplement par nécessité. Hier, le soleil était largement au rendez vous et à l’entrée du site, on pouvait déjà regretter d’avoir troqué le jean au détriment du bermuda. Ce d’autant plus que les festivaliers, comme moi, qui n’avait pas opté pour le transport en bus de St Malo, échauffait leur muscle par une petite marche entre le centre ville de Chateauneuf et l’entrée Billet du site.
Ouverture des portes 18h, la file d’attente était déjà impressionnante et s’étirait jusqu’au « Parc aventure » ou les cris de joie des enfants perchés se mêlaient au Bonjour respectueux des gendarmes qui effectuaient déjà les premiers contrôles. La garde montée (à cheval) était peut être là en référence au 1er Groupe « Cola », des canadiens plus habitués à voir ce type de surveillance, elle aussi perchée, que nous.
18H30 démarrage des concerts et les premiers festivaliers sont en place ça se présente très bien.
Cola : le groupe mené par son leader Tim darcy a réalisé un concert « sérieux », on pourrait même dire « concentré ». Sans doute parce qu’il n’est pas toujours facile de lâcher les chevaux quand on ouvre le bal ( nouvelle référence à l’équidé) et aussi parce c’était la 1ere date de leur tournée européenne. 40 minutes de concert ou le chant affûté de Tim Darcy et les riffs du bassiste Ben Stidworthy sont restés fidèles au son de leur album « Deppe in View ».
A peine le temps de traverser le fort et me voilà déjà au pied de la grande scène pour assister au show des Black Country, New Road. « New » tout court d’ailleurs, puisque depuis le départ de leur ancien leader Isaac Wood, le sextet se retrouve dans une nouvelle configuration et ne présente que de nouvelles compositions. Le concert n’est pas encore commencé et on se dit déjà que le jeune groupe cherche encore ses marques en se plaçant sur scène . « Lewis Evans » au saxophone attaque le 1er morceau en solo puis arrive le chant de Tyler Hide à la basse (ruban blanc dans les cheveux) . Le rythme est soutenu et Charlie Wayne à la batterie se démène déjà fortement bien, sourire malicieux permanent. Première grâce vocale quand May Kershaw au clavier, de sa douce voix « Bjorkienne » nous fait voyager de chapitre en chapitre sur des terres aux sonorités Irlandaises. La grâce est là et le poil des plus sensibles peut se hérisser au soleil couchant. Une musique mélancolique qui aurait certainement plus trouver sa place ce Vendredi que lors de cette soirée très dansante du Jeudi. Le set se déroule, finalement classiquement (identique à leur prestation en Juin dernier au festival Lévitation d’Angers), partagé entre sitting, interruption au moment ou le guitariste s’échappe curieusement de la scène, timidité et hésitations. Ces sept là ont besoin de se reconstruire et de gagner en assurance, ils finiront bien à force de persévérance et de talent à nous prendre aux tripes façon « Arcade Fire ».
On enchaîne sur la scène des remparts par le très jeune groupe GEESE. 2 scènes, 2 ambiances ! On comprend très rapidement que les américains aux cheveux longs ne sont pas venus là pour faire du sitting. 6 à table et une présence scénique déjà assurée. Leur musique est nerveuse et percutante, elle nous rappelle « les Strokes » .
Oui mais, WET LEG est attendu sur la scène du fort et le public y est déjà présent avant la fin du concert des américains. Allons nous placer ! On ne voudrait pas rater la révélation pop de l’année.
Un public plus jeune d’ailleurs, qui grâce à la « déferlante médiatique » des 2 anglaises, semble au passage, découvrir les autres groupes programmés.
Un public, également de connaisseurs et d’habitués,venant d’Angleterre, d’Italie et de Paris ( saluons là la reconnaissance nationale du festival).
Il est un peu plus de 21 h quand les deux virevoltantes anglaises, Rhian Teasdale et Hesters Chambers, prennent possession de la scène, avec sourires et malice. Apprêtée de robes colorées, pompons à la guitare, leur complicité témoigne de leur réelle joie d’être là. Le public est tout de suite conquis et force est de constater qu’il n’y a pas usurpation de talent. Le chant de Rhian ( voix principale) régulièrement complété par celui d’Hesters justifie cette entrée fracassante et rapide dans le monde de la musique indépendante. On ne doit surtout pas oublier l’accompagnement des 3 garçons musiciens qui se plient naturellement à un semblant d’anonymat et distillent intelligemment la bonne dose de guitares et de batterie.
Les titres de l’album s’enchaînent, entre désenchantement, insolence et surtout Fun. Les qualificatifs retenues dans le public après cet excellent concert sont : fraicheur ,sourire et joie. On en demande pas plus au WET LEG, elles sont pétillantes et intelligentes, la preuve « elles sont aller à l’école et ont obtenu le Big D » en francais dans le texte « Bo soir la Route du Rock, Ca va ? Oh nous ça va bien aussi, nous avons le bac ! On finit la setlist avec le tube « chaise longue », l’occasion pour ceux qui en sont sortie de pogoter ou de slamer.
Pas le temps de rêvasser, ni de manger d’ailleurs , et nous voilà reparti côté rempart pour assister à la prestation du quartet de Leeds, les anglais YARD ACT. « Salut ca va » « Are You alive ? ». Tout s’enchaîne très vite avec le très remuant chanteur James Smith. Lui a gardé l’impair (même si il ne pleuvra pas aujourd’hui) et conduit son groupe à grande vitesse. La guitare tranchante de Sam Shjipstone et la basse appuyée de Ryan Needham complètent à merveille le chanté parlé du leader. Le rythme est très soutenue et le public est une nouvelle fois ravie. « une des meilleurs prestations « me dira un festivalier en fin de soirée. Une belle énergie en attendant que nous ont donné les YARD ACT .
Parce qu’il est temps déjà de parler de ce fameux classement attendu (ou pas). Mon oreille est « précieuse » mais elle sait aussi entendre les plébiscites des festivaliers. Alors voilà ! en 3ème position, à égalité je positionnerai les WET LEG et YARD ACT.
Une nouvelle fois je suis de retour en pole position sur la scène principale et attend avec impatience le retour en terre Malouine des FONTAINES DC. 23H26 le Show démarre, c’est plus que de rythme soutenu, c’est de la Grande vitesse. Le TGV FONTAINES DC est lancé et bouscule tout sur son passage. Les titres des 3 albums s’enchaînent et la posture alignée des 3 guitaristes et du front-man impressionne. Ces gars sont déjà rentrés dans notre quotidien et on a l’impression de les avoir toujours écouté. Le très remuant leader Grian Chatten a opté pour un bas de survêtement d’une marque à 3 bandes et d’un « marcel » noir qui lui permet aisément d’arpenter nerveusement la scène. Son chant est clair et habité. Le personnage est dans la place , il tourne en rond comme un lion en cage et libère une énergie communicative, au service d’une voix puissante. Galvanisé pour un retour gagnant, 3 ans après leur dernière venue aux critiques mitigées, Les FONTAINES DC ont prouvé qu’ils étaient non seulement des compositeurs de studio prolixes mais surtout un groupe de scène très performant. Ils méritent la première place de notre classement.
Etourdi par ce live et pas encore rassasié, il était temps de patienter aux longues files d’attentes des points de restauration. Cette quête du Hamburger, largement expérimenté par les festivaliers, a conduit certains à rater pas mal de concerts et moi même celui de « Charlotte Adigery et Bolis Pupul ». seule l’observation des deux artistes en fin de concert et d’un public souriant me permet de penser que la prestation était la aussi réussie.
1h du matin, nous allons finir cette très belle journée par les jeunes anglais de WORKING MEN’S CLUB et parce qu’ils ont été très bon et au rendez vous de leur 2 premier album, ils finiront second de cette 1ere étape.
Il y a eu combat d’énergie entre le chanteur des FONTAINES DC et Sydney Minsky Sargeant. La preuve, la aussi, le bas de survêtement aux fameuses bandes (orange cette fois si) était aussi de sortie. La gestuelle du front-man très présente est contrastée avec l’absence d’émotions perseptibles et de sourires des 3 autres musiciens. A eux quatre ils ont tout de même réussi à sublimer l’esprit de Manchester et à faire danser le fort entre guitares et machines . Un setlist au bon souvenir de l’Hacienda qui se terminera torse nu et bombé, la force de la Jeunesse surdouée.
2h15, retour vers le parking après une première journée, plus que réussie. Tout était bon ce soir, le public était au rendez vous et repartait ravi, repus pour certains, en attente de la seconde journée pour d’autres. Merci pour ce programme, merci pour ce FESTIVAL.
« Du Billard à 3 Band »