La Route du Rock Samedi 19 Août 2022 « Nu comme un ver (re) de bière. »

18h sur le site, les lunettes de soleil (retrouvées) sur le nez, nous voilà reparti pour la 3ème et dernière journée du Festival de la Route du Rock. Au passage, il est juste de féliciter la logistique du festival. Je ne parle pas que des bénévoles «  objets perdu qu’on fini parfois par retrouver », mais de l’ensemble de ceux ci et de la structure renforcée cette année (Chapiteau mutualisé avec le festival No Go, sanitaires plus nombreux, Food trucks).


L’entrée d’un festival et son chemin d’accès sont généralement propices aux premières observations et commentaires des « nouveaux arrivants », mais aussi au premier soulagement des moins tenaces. C’est donc à l’arrivée sur le site que j’entends un petit garçon de 9 ans s’interroger devant ce mobilier urbain contemporain, autrement appelé « urinoir » dire à son papa « tu crois qu’il y a des toilettes normales pour garçon ?» effectivement ceux ci me paraissaient également extrêmement perché. Une anecdote, oui ! Mais un fil conducteur prémonitoire à cette belle journée du Samedi qui allait se terminer en apothéose avec un groupe lui aussi très perché, mais je vous en parlerai tout à l’heure.

Le site étant donc peu chargé à mon arrivée et le restera malheureusement pour cette dernière journée.

C’est au trio féminin BIG JOANIE qu’ il revient d’entamer les réjouissances du jour. Un plaisir partagé, l’esthétisme est au rendez vous, les looks sixties soignés et la voix enveloppante de Stéphanie Philips, bien mise en valeur par l’accompagnement de la basse d’Estella Adeyeri. Il n’y a rien de très « punk » dans ces mélodies qui groovent, plus qu’elles ne hurlent et c’est très bien ainsi.

Suit le groupe londonien des VANISHING TWIN et leur pop mystique et ésotérique. Un jeu de rotations et de mimes et nous voilà, avec une chanteuse et des musiciens à double facette.

Cette journée commence par des belles surprises et témoignent de la curiosité musicale du programmateur.

Changement de style avec Miles Romans-Hopcraft, alias WU-LU du « punk cérébral » inclassable et déjà hors norme. Son album « Loggerhead » fraîchement sorti le 8 juillet dernier sur le label Warp interrogeait déjà par sa photo de couverture et les personnalités décuplés du leader. Cet ancien adepte du skateboard slalome entre rock underground, punk, jazz lo-fi et hip hop au gré d’un set ou progressivement les guitares se musclent puis s’abandonnent au profit du dub et du rap. Excellente énergie en tous les cas, mise aux services de textes vindicatifs. Une musique qu’il dit engagée et aux services «  des ignorés, des sous représentés et tout ceux sans voix » mais jamais agressive .

Autres univers BEAK> et son rock principalement instrumental . « Content d’être là  ? » interroge Geoff Barrow  le batteur et chanteur du groupe. Le public de passionné répond par acclamations.Le producteur anglais membre créateur du groupe Portishead demande encore : « Vous vous êtes baignés ?» en écho au soleil malouin rayonnant du jour. Il est vrai que le groupe avait assurée précédemment, une prestation pluvieuse au festival de Berlin . Billy Fuller le guitariste assis tout le long du set , une statuette de vierge Marie posée sur son ampli, y était peut être pour quelques chose dans ce beau temps tout au long du festival. Un beau concert pour les amateurs de musique Krautrock.

Un univers plus sombre se profilait avec le groupe DITZ à l’écoute de leur Album Alcopop. Finalement le jeune chanteur à la coupe de cheveux improbable « une Du Guesclin» m’expliquera une festivalière philosophe ayant particulièrement apprécié ce concert, assure un show tendu entre guitares saturées et chant scandé. C’est vrai qu’il y a un petit quelque chose de Kurt Cobain, avec la tension d’un Joe Talbot (Idles) qui succombant lui même au groupe l’a élu « meilleur groupe de Brighton, sinon du monde ». Un début de conquête en tous les cas.

Autour de TY SEGALL de revenir pour le 3eme fois à St Malo accompagné des FREEDOM BAND. L’héritier musical d’un Neil Young « qui aurait pu être son père » me commentait un amateur, a conduit un show particulièrement apprécié. Cheveux au vent et guitares pointée au ciel, le californien a livré une prestation passant du calme à la tempête et se terminant par un « Joyeux anniversaire au festival » des plus sympathique.

Changement de style avec les anglais de PVA que l’on retrouve sur la petite scène . Un mélange de son soutenue par la batterie « non électronique » de Louis Satchell complétant à merveille les claviers et chant d’Ella Harris et de Josh Baxter. Un bit rapide, dansant sur un chant parlé, c’était si renversant que le claviériste en est tombé en arrière. Ces trois là font du chemin et on imagine un succès de leur futur album « Blush » attendu en Octobre prochain. Peut être une révélation ?

Il restait à voir le 29 éme groupe, remplaçant de Luxe des KING GIZZARD, les FAT WHITE FAMILY. A cette heure de la nuit avancée, je m’attendais à une performance déjantée, mais couverte ( il fait un peu frisquet à 1h du matin). Alors quand Lias Saoudi le leader du groupe s’avance vers nous, vêtu de ce que je qualifierai de « slip short » couleur peau soutenue par une belle paire de bretelles, je n’en crois pas mes yeux. «  Non il ne va pas le faire ?».

L’illusion de nudité est presque parfaite et l’impression de folie (douce) déjà ressentie. Il marche presque sur l’eau et avance, après avoir enroulé 30 m de câble vers, sur, sous son public, qui n’en revient pas. 10 minutes de charabia sur fond musical à vous mettre en trans et le bonhomme hurle et invective le public avant de scander « I want to go home !», « remontez moi sur la scène !! ».On est revenu à la folie du punk,c’est déroutant, trash et hypnotique. Oui mais voilà ce n’est que le début ! ces anglais ont l’air d’avoir de sérieux problèmes psychiques, comme ils ont su le dire, et en même temps (comme dirait certain) sont de très très bons musiciens. Les titres s’enchaînent, le record du monde de descente montée de marches scène, fosse, public est pulvérisé. « Il a soif le bougre », il arrose son public d’eau, celui ci ayant parfois la fâcheuse et pas très respectueuse manie de lui renvoyer gobelets vides ou plein de bières. Un rendu provoquant « gagnant gagnant » pour l’ambiance générale. De toute façon si vous voulez en découdre avec le chanteur, Lias vous retrouve toutes les 15 minutes, porté sur le dos, en slamant par des mains ravies et rougies d’applaudissements.

Restait à finir cette superbe prestation, Nu comme un « Ver« ? Non, provoquant ! mais professionnel jusqu’au bout, avec tout de même une canette dans le slip qui à défaut d’être pratique, rafraîchira sûrement un corps mis à dur effort. « Le concert du Festival » pour moi et j’en avais vu 28. Alors, j’espère que le petit garçon, croisé au début de la journée avec son papa, sera resté jusqu’au bout de cette édition et que sa première question aura trouvé réponse. Oui il y a des toilettes normales et des chanteurs fous mais c’est si bon, c’est sûrement ça la magie du ROCK AND ROLL.

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